Deux des cancers les plus fréquents, le cancer du sein et le cancer de la prostate, vont voir leur prise en charge largement modifiée après la présentation d’avancées importantes lors de la conférence ASCO14
Même si l’âge moyen de découverte d’un cancer du sein est de 62 ans, cette forme de tumeur touche aussi beaucoup de femmes plus jeunes et qui ne sont pas encore ménopausées.
Chez ces femmes, quand l’analyse de la tumeur montre la présence de récepteurs hormonaux positifs pour les œstrogènes et la progestérone, la règle est de donner, en postopératoire du Tamoxifene pour une durée de 5 ans.
Cette prise médicamenteuse a pour but d’éviter le risque de récidive.
On n’utilise pas chez ces femmes la nouvelle génération d’antihormones, les inhibiteurs de l’aromatase, réservées aux femmes ménopausées.
Mais les choses devraient assez vite changer après la présentation à Chicago des résultats de deux études, baptisées TEXT et SOFT, incluant des femmes atteintes de formes localisées
Dans ces études qui concernaient des femmes non ménopausées, d’une moyenne d’âge de 42 ans, on a comparé les effets du classique Tamoxifène à ceux d’un inhibiteur d’aromatase, l’Exemestane.
Mais on a également mis les ovaires au repos afin de minimiser leur synthèse d’hormones.
Cette suppression de la fonction ovarienne (SFO) n’est pas encore la règle, mais donne des résultats très intéressants comme on a pu le lire sur ce blog il y a peu.
Les femmes ont donc été divisées en deux groupes : l’un associât Exemestane et SFO, l’autre Tamoxifène et SFO.
Après un peu plus de cinq ans et demi de suivi, c’est le groupe ‘Exemestane-SFO’ qui a obtenu les meilleurs résultats
Le risque de mortalité a été diminué de 28 % par rapport au groupe recevant le Tamoxifene
En termes de récidive de cancer du sein, le groupe Exemestane a démontré une réduction du risque de 34 %
SANS CHIMIO C’EST POSSIBLE
Et dans ce groupe, un certain nombre de femmes avec des lésions ganglionnaires n’ont pas reçu de chimiothérapie mais n’en ont subi aucune conséquence car, grâce au traitement combiné, leur taux de récidive n’a pas excédé le chiffre du groupe en entier.
A cinq ans, 96 % des femmes incluses dans l’essai étaient toujours en vie, la différence entre les deux groupes est très faible.
Les effets secondaires de l’Exemestane sont connus : perte de la masse osseuse, douleurs articulaires, sécheresse vaginale et baisse de la libido.
Des effets gênants à tout âge mais qui peuvent être encore plus problématiques chez des femmes jeunes.
Pour l’instant, le taux d’abandon du traitement a été de 14 %, chiffre identique à celui qu’on constate chez les femmes post-ménopausées. Mais l’évaluation continue.
On voit donc se confirmer deux choses lors de cette conférence : la mise au repos de la fonction ovarienne semble jouer un rôle important dans la prise en charge des cancers avant la ménopause.
La seconde c’est que la prescription d’inhibiteurs d’aromatase jusque là réservée aux femmes ménopausées apporte également un bénéfice aux femmes plus jeunes.
TREIZE MOIS DE VIE EN PLUS
Autre cancer fréquent et autre changement à venir de pratique
Le cancer de la prostate. Un cancer qui peut disséminer et toucher les os et les poumons.
C’est justement aux patients porteurs de ce type de cancer avancé, hormonodépendant et récemment diagnostiqués qu’était consacrée une étude.
Jusque là la règle c’était d’initier un traitement anti-androgénique, une sorte de ‘castration chimique’ pour épuiser la fabrication d’hormones mâles. Mais avec le temps, un certain nombre de ces cancers deviennent résistants aux traitements antihormonaux.
Les auteurs de l’étude ont décidé de faire deux groupes :
L’un a reçu le traitement conventionnel anti androgénique. Le second a reçu ce même traitement auquel on a adjoint du Docetaxel, une chimiothérapie donnée habituellement à un stade très tardif de la maladie et non pas d’emblée.
Les patients ont té suivi 29 mois et on a constaté une nette diminution de la mortalité dans le groupe recevant la chimiothérapie
La médiane de survie, c’est-à-dire le point où 50 % des patients sont toujours en vie, était de 44 mois dans le groupe traité classiquement et de 57,6 mois dans le groupe traité par chimiothérapie et antihormones.
Plus de 13 mois de survie supplémentaire malgré une maladie très avancée !
Et quand on regarde le temps pendant lequel la maladie a été contrôlée sans évoluer, il était de 19,8 mois dans le groupe classique et de 32,7 mois dans le groupe avec chimiothérapie.
Bien évidemment le Docétaxel a des effets secondaires, notamment des atteintes neurologiques sensitives et motrices. Mais la fréquence des événements sévère a été très faible, même si un décès a pu être imputé à la chimiothérapie.
Une efficacité assez spectaculaire donc et avec une molécule, le Docetaxel qui est aujourd’hui tombée dans le domaine public et donc ‘génériquée’
Les exemples de progrès avec des médicaments peu onéreux sont suffisamment rares en cancérologie pour qu’on le souligne !
LIRE :
L’article sur la prévention des ménopauses précoces liées à la chimiothérapie
Les résumés des études sur le site abstracts.asco.org
Etude sur le cancer du sein : Abstract LBA1 et l’article du NEJM
Etude sur le cancer de la prostate : Abstract LBA2
Bonjour Docteur et merci pour l’excellence de votre blog .
Beaucoup d’associations de porteuses de cancers féminins existent, mais rien d’équivalent pour les hommes.
Ainsi , il a été créé CERHOM (fin de canCER et début de HOMme) sous l’impulsion du Professeur FIZAZI, dont le siège est à Villejuif et le Président est Marc PLAISANCE , tél 06 75 01 10 95
Les buts de l’association sont l’écoute et l’entraide des malades et la récolte de fonds pour la recherche.
Site de l’association :www.cerhom.fr .
Parrain: L’acteur Romain DURIS
Merci de votre éventuel soutien à cette entreprise.
Jp Ramet,responsable communication
Excellente initiative. Bravo !
Je lis votre article sur le cancer de la prostate… et je suis perplexe. Quel est l’âge médian des hommes traités ? Y a t-il un intérêt à gagner 1 an de vie à 80 ans ou plus, avec des effets indésirables potentiellement importants ?
Comme vous pourrez le voir si vous allez consulter la référence mentionnée en fin d’article, l’age médian était de 63 ans.