Notre organisme a tous les moyens nécessaires pour détruire les virus, tout pour les empêcher d’infecter nos cellules. Le VIH a tout pour contrer ces moyens de défense !
Depuis la nuit des temps les virus et les hommes s’affrontent. D’ailleurs notre patrimoine génétique, porté par l’ADN de nos chromosomes, reflète cette lutte ancestrale. Au moins 2% de notre hérédité, en effet, est constituée de gênes d’origine virale qui ont colonisé notre ADN.
Plus étonnant encore, nos cellules savent fabriquer des protéines capables de bloquer les virus, en particulier les rétrovirus, famille à laquelle appartient le VIH. Ces virus ont besoin de « traduire » leur programme génétique pour l’incorporer à la machinerie des cellules qu’ils infectent.
Les chercheurs ont découvert depuis quelques années que deux familles protéines jouaient un rôle essentiel dans l’interception de ces virus. Elles s’appellent TRIM5 et APOBEC3.
Alors pourquoi le VIH arrive-t-il à ses fins en dépit de ces deux vigiles. Parce que virus est capable de bloquer ces deux protéines, tout bêtement a-t-on envie de dire.
Il fabrique à son tour une protéine, Vif, qui vient contrer les effets de la protéine APOBEC.
Mais il ne s’arrête pas là. Il sait comment, une fois qu’il s’est reproduit à des milliers d’exemplaires, sortir des cellules pour aller en infecter d’autres même si on essaie de le retenir.
Deux équipes américaines ont récemment montré que nos cellules fabriquent une substance protéique, la tétherine, qui va littéralement séquestrer les particules virales pour empêcher leur sortie.
Le VIH n’en a cure et grâce à l’un de ses neuf gênes, il élabore une protéine à son tour, la Vpu, qui vient bloquer la tétherine. En quelque sorte le « bloqueur bloqué ».
Et le cycle infernal de contamination des cellules peut ainsi continuer.
Paul Bienasz (Aaron Diamond center, New-York) qui a découvert la tétherine pense qu’à terme on a peut-être là une piste de nouveau traitement. Bloquer l’effet du Vpu pourrait permettre de prévenir la sortie du virus de la cellule.
Mais cela suppose que la substance utilisée bloque sélectivement le Vpu sans interférer avec la tétherine ou avec tout autre composant cellulaire. Ces protéines cellulaires sont là depuis des lustres et ont bien d’autres rôles que de s’occuper du VIH qui nous empoisonne la vie depuis seulement soixante ans.