En quelques jours, deux bouffées épidémiques liées à des souches de colibacilles ont touché la France. Mais l’appréciation des deux événements n’a pas été forcément la même.
L’épisode des steaks hachés distribués dans le nord de la France par le ‘hard discounter’ Lidl a généré un nombre de remarques, de commentaires, voire de fantasmes assez étonnants.
Ce malheureux accident qui a touché des enfants, dont un à peine âgé de 20 mois, a eu pour point de départ de la viande hachée contaminée par une souche d’Escherichia coli O157H :7.
Cette souche, d’origine bovine, peut entrer au contact de la viande lors de l’abattage lors de l’éviscération, c’est-à-dire au moment où l’on vide l’intestin.
Mais très vite, parce que c’était Lidl, on a eu droit aux explications les plus farfelues. On vendrait aux ‘pauvres’ de la viande avariée sans se soucier plus avant de la qualité. Et la viande venait d’Allemagne, donc ce ne pouvait être que la même histoire que celle de la région de Hambourg.
Le ‘hic’ c’est qu’en Europe, et c’est une bonne chose, les règlements sanitaires, les abattoirs, la traçabilité sont les mêmes pour tous les pays membres. On ne laisse pas entrer n’importe quoi, contrairement à ce que l’on semble dire parfois.
Il est fort probable que les fournisseurs des ‘hard discounters’ ne leur proposent pas des bœufs charolais primés au Salon de l’Agriculture. On vend plutôt de la vache de réforme, c’est-à-dire des laitières âgées de huit à dix ans et dont les pis, las d’être pressés, ne donnent plus les quarante litres quotidiens qu’on attend d’eux.
Mais ces animaux ne sont pas malsains. Leur viande est moins ‘goûteuse’ voilà tout.
L’affaire allemande, puis celle de Bègles, ont concerné des adultes, ce qui doit les rendre moins sensibles en termes d’opinion publique. Elles concernent également des produits différents. Pas de la viande achetée à bas prix mais des graines germées issues de l’agriculture biologique.
Et là on entre dans une autre dimension. C’est du bio, c’est donc quasiment intouchable. Du bio sans tous ces pesticides qui nous tuent à petit feu, nous dit-on. C’est sûrement vrai en partie, mais le bio peut tuer aussi, la preuve avec les 40 mots de l’épisode allemand.
Car ces graines viennent d’Asie où, de plus en plus souvent, on épand des matières fécales humaines comme ‘engrais naturel’. La souche allemande et sa copie bordelaise E. coli O104H :4 ne sont pas portées par l’intestin des ruminants mais par celui des humains.
On a déjà relevé à partie de produits venus de cette région des cas de typhoïde ou d’hépatite A.
Donc le ‘bio’ a ses limites et certains intégristes de cette pratique devraient savoir raison garder.
Imaginons que ces graines germées aient, par malchance, tenté des enfants. Le bilan serait autrement plus lourd aujourd’hui.
Il faut donc se méfier des clichés et se rappeler que la sécurité sanitaire est présente en Europe, moins dans certains autres lieux du monde.
C’est vers ces contrées que nous devons peut-être faire porter notre aide et notre coopération
en matière de santé et de protection des consommateurs.
Et croire que out ce qui est ‘naturel’ est meilleur et plus sain est une ineptie.
La pervenche est une jolie fleur. Un de ses composés est un formidable poison dont la forme
synthétique est utilisée en médecine pour tuer les cellules cancéreuses ! Un poison, donc.
J’apprends que le médicament MEPRONIZINE que je prends depuis des années et qui me permet d’éviter d’autres médicaments entraînant des effets indésirables, importants me concernant, ne sera plus commercialisé début 2012 !
Le risque de surdosage pour seul motif ??
Il y a bien des choses à dénoncer, puis-je avoir le nom d’une association sérieuse.
Cordialement
Discutez de cette question avec votre médecin. Je ne donne aucun avis sur ce blog. Désolé
Ce type de bactéries peut-il se retrouver dans la viande de cheval,
viande qui se consomme en général très peu cuite, voir crue ?
Merci.
REPONSE A RIMBAULT :
le risque avec la viande de cheval est plutôt lié à un parasite, la trichine. Mais même si le cheval n’est pas un ruminant, il doit, je pense héberger du E. coli
M. Flaysakier, votre billet apporte une pierre de plus, appréciable devant le désert médiatique, à l’autre coup de gueule (poli) de Francis-André Wollman et Jean-François Briat, Directeurs de Recherche au CNRS, dont on peut lire (gratuitement) le texte sur le blog de M. Huet :
http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2011/06/ecoli-la-bactérie-tueuse-et-lopinion-publique.html
Le problème est de réussir à faire comprendre cela à tous ceux qui sont devenus des disciples béats du Bio, comme s’il s’agissait d’une religion.
Rien n’est 100% bon, ni 100% mauvais, comme la vision occidentale chercher trop souvent à nous faire voir le monde, mais toute chose est toujours un peu des deux à la fois (comme avec le Yin et le Yang chinois, qui constituent indissociablement toute chose).
Bonjour Jean-Daniel,
Bel article. Il y aurait des commentaires à faire, mais de détail (sur les vaches de réforme).
Mais je voudrais moi aussi piquer un coup de gueule qui, je l’espère, sera répercuté au près de la rédaction de France 2.
Depuis le début de ces épisodes successifs, les journalistes de toutes les chaînes ont définitivement abandonné tout espoir de prononcer correctement le nom du colibacile : Escherichia coli. On entend ainsi sur les antennes tantôt E. Coli (prononcez É-coli) tantôt E. coli (prononcez I-coli, comme dans e-mail !).
Ce n’est pas grave. C’est juste agaçant.
Jean-Luc
Ingénieur agronome INA (68)
REPONSE A JEAN LUC :
N’hésitez pas à commenter et à rectifier ce qui vous semble inexact. j’apprends de mes erreurs !
Pour le nom, je suis d’accord. mais imaginez que ces jeunes gens découvrent cette bête et qu’ils ignorent même que c’est un colibacille.
Je me demande même si sur les radios corses on ne le prononce pas en faisant trainer le ‘O’ !
Bonjour Jean-Daniel, j’aime vos noeuds papillons et vos interventions au JT, surtout ne venez jamais sans votre noeud papillon vous y perdrez de nombreux fans 😉
Vive les noeuds papillons !
REPONSE A FLORY :
Si je comprends bein, vous regardez la TV le son coupé !
Bonjour Jean-Daniel,
Le pays d’origine des graines contaminées n’a pas été encore identifié par les autorités sanitaires.La piste asiatique n’est peut-être pas la seule à envisager…Il est urgent d’attendre !
J’aime bien cette note. Le naturel est toujours porté au pinacle alors que la nature n’est pas forcément très bonne pour l’homme. Ce n’est pas pour rien que nous sommes devenus des animaux sociaux.
Les exemples de produit dit naturels qui sont responsables de catastrophes sanitaires ne sont pas rares. Un exemple est l’utilisation de la pharmacopée chinoise traditionnelle qui est associée dans toutes les études (cf taiwan) àune augmentation du risque d’insuffisance rénale chronique terminale. Pourtant c’est naturel et en plus issue d’une culture connue pour sa sagesse 😉